La prière
I. Introduction.
Tout Juif est un serviteur de Dieu et chacune de ses actions doit avoir une valeur religieuse en ce sens qu'elle est mise au service de Dieu.
Cependant, la Tora nous demande encore de rendre & Dieu un culte proprement dit: «Et il sera, lorsque vous obéirez & mes commandements que je vous ordonne aujourd'‘hui, en aimant le Seigneur, votre Dieu, et en le servant de tout votre coour...»1) Et les Sages expliquent: Comment pouvons-nous servir Dieu de tout notre coour? — Par la priére |
La priére exprime les sentiments qui nous animent & la vue des merveilles de l‘Univers, au souvenir des bienfaits que Dieu nous a prodigués et qu'il nous prodigue tous les
jours. Doms la priére, nous prenons conscience de notre
détresse dont Dieu seul peut nous délivrer; enfin, nous y manifestons la ferme volonté de nous conduire selon le voeu de Dieu.
Il y a par conséquent des louanges (nmnn Tehillét), des actions de graces (nin Hédayét), des supplications (nuunn Te’hinét et niwp3 Baqachét), et enfin, les bénédictions (nin3 Berak‘hét).
« Seigneur, ouvre mes lévres, que ma bouche proclame tes louanges ! » 2).
«Entonnez des actions de graces en l'honneur du Seigneur | Célébrez notre Dieu au son de la harpe |» 3)
« Préte l'oreille & ma priére et ne te dérobe point a4 ma supplication | » 4)
(1) Deut. Xls et Siphréi. (2) Psaume Llu.
(3) Psaume CXLVIh. (4) Ibid LVz.
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«Et j‘élevai mes regards vers le Seigneur Dieu... et j‘adressai au Seigneur mon Dieu, ma priére et ma confession et je dis... nous avons péché et fait le mal, nous nous sommes dbandonnés & l'impiété et & la rebellion, écartés de Tes préceptes et de Tes statuts... » 4).
« Bénissez le Seigneur, vous, toutes ses créatures, dans tous les lieux ot s’étend son empire. Bénis, mon Gme, le Seigneur ! » 2)
2. La valeur de la priére.
Dieu exauce la priére sincére. Cependant, nous ne devons pas nous laisser décourager par le fait que la priére fervente n'obtient pas toujours satisfaction. Car Dieu seul peut juger ce qui est pour notre bien et ce qui ne l’est pas. Nous ne devons jamais nous lasser de lui adresser nos priéres. Elles ont aussi une grande importante pour nous-mémes : la priére, qui est l'expression de l'insuffisamce humaine, purifie le coeur, le rend accessible & ce qui est beau et nous donne la force de supporter les vicissitudes de notre existence.
« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l’appellent avec sincérité. I] accomplit le désir de ses fidéles, entend leurs supplications et leur porte secours ». 3)
« Dieu, crée en moi un coeur pur et fais renaitre dans mon sein un esprit droit ». 4) :
-«Du fond de ma détresse, j'ai invoqué le Seigneur; il m’a répondu (en me meitant) au large; Dieu est avec moi, je ne crains rien. Que pourrait me faire un étre humain ? » 5)
3. Le recueillement dans la priére (7313).
« Une priére sans recueillement est comme un corps sans ame », ainsi s‘exprime un vieux dicton. Aussi, avant d’épancher notre coeur devant Dieu, devons-nous nous mettre, en état de prier: bannir de notre coeur toute idée impure, toute haine et toute jalousie.
(1) Daniel IXs-s. (2) Psaumes Cll. (3) Ibid CXLVis-w. (4) Ibid. Lhe.
(5) Ibid. CXVIIs.
Cette préparation & la priére concerne aussi notre tenue extérieure : nous devons nous présenter devant Dieu, dignement, libres de toute souillure. L’attitude pendant la priére doit étre respectueuse. Toute l’attenion doit étre concentrée
sur elle; on ne doit pas interrompre sa priére, ni penser a autre chose.
«Et le Seigneur dit & Moise: Rends-toi prés du peuple; enjoins-leur de se tenir purs... » 1)
« Prépare-toi, 6 Israél, & te présenter & ton Dieu! » ?) _« Sache devant qui tu te tiens |» 3)
« On ne doit pas prier lorsqu’on est triste ou paresseux ou enclin & la plaisanterie; on priera lorsqu’on ressent la joie du devoir accompli » 4).
4. La sincérité de la priére.
« Dieu demande le coeur», dit un vieux dicton. Il doit régner une parfaite harmonie entre le coeur et l'expression de nos lévres. Combien est écceurante une priére hypocrite, faite pour tromper les hommes sur ses vrais sentiments | Quoi d’étonnant dés lors que le prophéte Isaie, témoin de ces priéres sans sincérité, déverse toute sa colére sur les ‘coupables ? « Le Seigneur me dit: Puisque ce peuple ne me rend hommage que de bouche et ne m/honore que des lévres et qu'il tient son coeur éloigné.de moi, et que sa piété & mon égard est devenue pareille a des préceptes d‘hommes, exercés par habitude, je vais continuer 4 faire subir & ce peuple un sort surprenant » °).
« Quand vous étendez les mains, je détourne de vous mes regards; dussiez-vous accumuler des priéres, j’y resterai sourd, vos mains sont pleines de sang » °).
On peut se demander, dans ce méme ordre d‘idées, si la priére traditionnelle, 4 forme fixe, n'est pas un obstacle & la sincérité de la priére. Les sentiments intimes du coeur ne répondent pas toujours a l’expression du rituel. Cette ques-
3 (1) Exode XIXi. Cet*ordre a précédé la promulgation de la Tora au inai.
(2) Amos IVs.
(3) Talmud Bera’hét 28 b.
(4) Talmud Berahét 31 a.
(5) Isaie XXII Xis-1.
(6) Ibid hs.
tion grave a déja été discutée a l'époque du Talmud. R. Eliézer ben Hyrcan, qui vécut & l’époque de la grande Synagogue, défend la thése de la priére libre, spontanée, tout en étant par ailleurs un partisan convaincu de la iradition intégrale. S'il est vrai que la priére libre, mais isolée, faite dans une chambre silencieuse, l'’emporte sur la’ priére a forme fixe, il n'est pas moins certain que la communauté tout entiére, sous peine de ne plus justifier ce nom, ne peut renoncer a la priére traditionnelle.
5. La priére en commun.
« Dans les assemblées, bénissez Dieu, le Seigneur... » 1) ! C'est ainsi que s’exprime un verset des Psaumes pour nous faire connaitre le devoir de prier en commun. Certes, le Seigneur emplit de sa majesté le ciel et la terre et toute priére, méme isolée, parvient & Lui; cependant, il est instamment recommandé de prier & la Synagogue, maison consacrée & la priére, ot la réunion des fidéles porte & la ferveur. C'est pourquoi certaines priéres ont une valeur si sacrée qu’elles ne peuvent 6tre récitées qu’en commun.
L’'assemblée doit &tre composée d’au moins dix hommes ayant atteint l’age de la majorité religieuse, soit treize ans accomplis. Afin que la priére en commun puisse se dérouler dans un ordre parfait et afin d’exempter ceux qui ne savent pas prier, on a recours aux services de l'officiant, appelé ‘Hazan (tt) ou Chelia’h-Tsibour (nay7nw), délégué de la communauté. Toutes les bénédictions sont récitées par lui a haute voix afin de permettre aux fidéles d'y répondre Amen (#8) en maniére de confirmation. Il importe que l'officiant soit un homme instruit, qu'il comprenne ce qu'il dit; pour étre « délégué de la communauté », il doit étre agréé par la majorité des membres. Une voix agréable, de la modestie, voila les qualités que l’on demande au ‘Hazén, chargé de diriger la priére en commun. 2)
Les priéres, sauf de rares exceptions, sont rédigées au pluriel. En conséquence, celui qui prie, implore simultomément Dieu pour toute la communauté d'Israél. Répandues partout, ces priéres ont la valeur d'une profession de foi, d'un lien spirituel qui, par deldé les océans, unit tous nos
(1) Psaume LXVIIIe.
(2) Traité Ta’anit 16a.
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coreligionnaires: partout ot nous dirigeons nos pas, nous pouvons prier avec nos fréres. En principe, il est vrai, le Talmud: permet & chacun, s‘il veut prier seul, de le faire dans sa langue maternelle; cependant, on a toujours considéré comme préférable de faire la priére publique commune en hébreu, qui est la langue de la Tora, la langue sacrée par excellence et qui, enfin, favorise le rapprochement religieux des Juifs du monde entier. 4)
« Lorsque le peuple est nombreux; c’est une gloire pour le toi... » 2)
« Ezra bénit le Seigneur, le Dieu grand et tout le peuple s‘écria: Amen, amen ! » 3)
«Je louerai le Seigneur de tout mon coeur, dans le cercle des justes, dans l’assemblée » 4).
6. La Synagogue.
Déja & l’époque du second Temple, il y avait des synagogues en Israél. C’étaient des maisons de dimensions modestes ot ceux qui étaient éloignés de Jérusalem, venaient épancher leur coeur devant Dieu. Ce qui importait et ce qui importe encore de nos jours, ce n’est pas l’architecture grandiose de la maison de Dieu, ni la solennité pompeuse des cérémonies, mais le recueillement des fidéles.
La partie la plus sacrée de la synagogue est le Arén haqqodech (wupi-;118), l'Arche sainte qui renferme les rouleaux de la Tora. Elle doit 6tre orientée dans la direction de Jérusalem : « Au pays de leurs ennemis qui les ont déportés, ils adresseront leurs priéres & Toi, le regard tourné vers leur patrie que Tu as donnée a leurs péres, vers la ville que Tu as choisie et vers la maison que j'ai édifiée en Ton honneur®)», Les marches qui conduisent vers l'Arche sainte sont destinées aux Kohanim qui, du. haut de cette estrade, bénissent l’assemblée recueillie.*) Au milieu de la syna-
gogue s‘éléve la Bima (n»’3) ou Alménor,”) une estrade
(1) Traité Meguilla 17 b.
(2) Proverbes XIVss.
(3) Néhémie VII, 6.
(4) Psaume CXh.
(5) I Rois, VIII.
(6) Au Temple, les Kohanim se plagaient sur une estrade appelée Doukhdn, d’ot ils bénissaient le peuple.
(7) Mot d'origine arabe qui veut dire: chaire.
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surélevée sur laquelle on fait la lecture de la Tora. Au pied de l'Arche sainte se trouve la Téba!) (3n), une espéce de pupitre qui marque la place de Il'officiant. Tout le long de l'enceinte court une galerie surélevée réservée aux femmes.
« Heureux ceux qui habitent dans Ta Maison et sons cesse récitent Tes louanges ! » 2)
« Je suis dans la joie quand on me dit: « Nous irons dans la Maison du Seigneur 3) ».
7. Historique de la priére.
L'institution de la priére remonte aux temps les plus reculés de l'histoire de notre peuple. Les patriarches déja, invoquaient le Seigneur. Plus tard, les enfants d'Israél, asservis par les Egyptiens, « gémirent & cause de leur esclavage et se lamentérent; leur plainte monta vers Dieu du sein de leur esclavage. Et le Seigneur entendit leurs soupirs... 4) ». A l'occasion du Jour du Pardon, Aaron, le grandprétre, devait confesser ses fautes, celles de sa maison et celles de tout le peuple. {
Hanna, la mére de Samuel, adresse des actions de graces a& Dieu, qui a exaucé la priére ardente de son coeur 5),
Le roi David s‘écrie: « Soir et matin, et en plein midi, je me répands en plaintes et en soupirs, et [l écoute ma voix » 6),
Au temps des prophétes, la priére est répandue dans le peuple, qui s‘attire les reproches d'Isaie & cause de ses priéres hypocrites 7).
Daniel enfin, exilé & la cour du roi de Babylone, « avait dans sa chambre supérieure des fenétres ouvertes dans la direction de Jérusalem et trois fois par jour il se mettait a genoux, priant et louant Dieu... » 8).
(1) Facultative (Maimonide, Hil’hét Tefilla XIq). (2) Psaume LXXXIVs cf. Bera’hdt 32 B.
(3) Ibid CXXII,. 1.
(4) Exode Iss-x.
(5) I Samuel Il et suiv.
(6) Psaume LVis.
(7) Isatie Tn; XXIX azz.
(8) Daniel Vin.
Cependant, aussi longtemps que le Temple de Jérusalem existait, les offrandes du peuple étaient l'expression principale de sa soumission et de sa reconnaissance; mais le sacrifice n'était agréé que si des idées pures l’'accompagnaient.
C'est & l’'€poque du second Temple a un moment ot une partie du peuple juif vivait déja hors de Palestine, que les membres de la grande Assemblée (791737 nD33-w38) commencérent & donner une grande importance 4 la priére réguliére. Ils se basaient sur cette parole du prophéte: « Reviens, Israél, jusqu’au Seigneur, Ton Dieu; car tu es iombé par ton péché. Armez-vous de paroles (suppliantes) et revenez au Seigneur ! Dites-lui: Fais grace entiére a la faute, agrée la réparation, nous voulons remplacer (les sacrifices) des taureaux par nos lévres.»1) La destruction du second Sanctuaire a mis fin provisoirement & l’offrande des sacrifices.
C'est donc aux hommes de la grande Assemblée que revient le mérite d’avoir institué la plus grande partie du rituel de nos priéres. Durant plusieurs siécles, jusqu’d la cléture du Talmud, nos Sages ont étudié minutieusement le rituel et lui ont donné la forme qui, dans ses grandes lignes, s'est perpétuée jusqu’d nos jours.
De bonne heure déjd, le besoin s‘était fait sentir d’augmenter le nombre des priéres transmises par la grande Assemblée. Aprés la destruction du second Temple, des hommes pieux et éloquents, remplissant la fonction d’officiants, composérent des priéres inspirées par l'immense littérature rabbinique. Le public faisait son choix. Au cours des siécles de grands poétes et savants talmudistes composérent & leur tour des priéres, véritables poésies religieuses qui ont regu droit de cité et que l'on désigne communément sous le nom de Pioutim 2) (o»yB). On ne dit ces priéres qu’d l’occasion des f€tes et des jeGnes et de certains sabbats.
8. Les priéres périodiques.
Tout moment est propice & la priére d'un cceur sincére. Cependant bien des hommes, absorbés par leurs occupations multiples, oublieraient de prier s‘il n’existait pas un temps et une heure pour chaque priére.
(1) Osée XTVe-s. (2) Mot d'origine grecque qui veut dire poésie, singulier: piout.
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aux justes et des chdtiments. Le troisiéme ®) rappelle le sou-
Les priéres quotidiennes sont au nombre de trois et portent les noms suivants :
1) Maarib 2y0 1) ou priére du soir. 2) Cha’‘harit monw ou priére du matin. 3) Min‘ha nga 2) ou priére de l'aprés-midi.
a) Maarib. — La priére du soir peut 6tre faite & partir de la tombée de la nuit jusqu’a l’aube. Dans beaucoup de communautés, l’'usage s‘est établi de faire la priére de Maarib aussitét aprés celle de Min’ha lorsque l’aprés-midi touche
x
Ase tins
La priére du soir comprend en maniére d'introduction une invitation aux fidéles d’exalter Dieu. Aprés avoir rendu hommage @ Celui qui a institué les Lois de la nature et qui a eréé le jour et la nuit, aprés avoir affirmé notre attachement a la Tora, objet constant de notre étude, nous lisons le Chema (vow). Ce passage tiré de la Tora se compose de trois chapitres : le premier 3) est une profession de foi solennelle, qui a pour objet la reconnaissance de Dieu et la soumission & ses commandements; la lecture recueillie du Chema équivaut a4 la promesse de se soumetire & la volonté
de Dieu.
« Ecoute Israél: Le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est Un. Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ta vie et de toute ta fortune. Ces devoirs que je ‘impose aujourd‘hui seront gravés dans ton coeur. Tu les inculqueras & tes enfants et tu t'en entretiendras, soit dons ta maison, soit en voyage, en te couchant et en te levant. Tu les attacheras, comme symbole, sur ton bras et tu les porteras comme parure entre tes yeux. Tu les inscriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes ».
Le second chapitre*) parle des récompenses réservées
venir, plein d’enseignements, de la Sortie d‘Egypte. Les bénédictions qui suivent le Chema sont comme une
(1) On dit aussi arbit (may).
(2) Ce mot signifie : offrande. Il fait allusion & l’offrande du grandprétre qui accompagnait le sacrifice quotidien de l’aprés-midi.
(3) Deutéronome Vi.
(4) Deut. Xhs.
(5) Nombres XVa:.
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interprétation de ces trois chapitres. Elles scellent l'alliance entre Dieu et son peuple qui, plein de confiance, s’abrite sous la protection du Roi de toutes les créatures. L’officiant récite le Qaddich (wp) qui est la sanctification du nom de Dieu et l’'espoir toujours renouvelé de l'avénement du Royaume du Ciel sur la terre; puis, chacun dit la priére du Chemoné-Esré (Miwy-niew).
Chemoné-Esré est un nom impropre donné & une priére qui se compose en réalité non pas de dix-huit (chemonéesré veut dire dix-huit), mais de dix-neuf bénédictions. Voici son histoire: « Cent vingt Anciens, dont quelques prophétes, ont institué dix-huit bénédictions dans l’ordre transmis » 4). A l'époque de, Rabbém Gamaliél, sous linfluence des luttes intestines, on ajouta une priére spéciale contre les calomniateurs et les impies, ce qui portait le total 4 19 bénédictions. Bien que son ancien nom lui soit resté, il vaudrait mieux l'appeler Tefilla (nn) qui veut dire priére par excellence, ou encore Amida (py), qui signifie « debout », parce qu’a& cause de son importance, cette priére est récitée debout, dans une attitude de recueillement.
Les trois premiéres et les trois derniéres bénédictions contiennent des louanges a4 l’adresse du Seigneur, Dieu de nos péres, qui nourrit les vivants et fait revivre les morts, et dont la sainteté est célébrée par tous les &tres; elles expriment le voeu que le Seigneur agrée nos hommages, que nous espérons pouvoir renouveler un jour & Sion, et qu'il nous accorde la paix parfaite.
Les treize bénédictions du milieu sont des priéres proprement dites. Nous demandons tour a tour l'intelligence si indispensable & une vie bien comprise, l'assistance de Dieu pour remplir nos devoirs vis-a-vis de Lui, le pardon de nos fautes, la délivrance, la santé, la prospérité, la réunion de notre peuple dispersé2), le rétablissement d'une autorité religieuse supréme, le chétiment de nos détracteurs, la bénédiction céleste sur nos grands, d’ow qu'ils viennent 3), et sur nous-mémes, la reconstruction du Temple et de la Ville Sainte, l'apparition du rejeton de David *) et enfin, une oreille
favorable pout nos priéres.
Aux jours de sabbat et de {[6éte, ces treize bénédictions iniermédiaires sont remplacées par une seule, appropriée au earactére de la solennité, ce qui réduit la priére 4 sept bénédictions appelées Tefillat-chéba (yaw-nSan). Aux fétes austéres, la troisiéme bénédiction est en outre augmentée d'une priére ardente dans laquelle nous demandons a& Dieu de faire en sorte que l’humanité tout entiére reconnaisse sa souveraineté.
La priére du soir se termine par Alénou (135), une louange qui cléture toutes les priéres périodiques. Nous y souhaitons la réalisation du Royaume du ciel sur la terre. Cette priére, qui est tirée du rituel du Réch-hachana, a une histoire mouvementée. Des délateurs sortis du judaisme, ont prétendu que le Alénou avait un caractére injurieux a l'égard du christianisme. Ils se sont fondés sur le passage, supprimé depuis lors: « Eux (les autres peuples) se prosternent devant des divinités vaines et futiles » et qui continue ainsi: « mais nous nous inclinons et nous nous agenouillons ..devant le Roi des rois... »
Bien que les rabbins de cette époque eussent démoniré que la priére incriminée datait d'avant l'’avénement du christianisme, et que pd conséquent elle ne pouvait viser que les paiens, la priére resta longtemps interdite pour ne plus donner matiére a des accusations méme injustifiées. D’ailleurs ce passage a été supprimé définitivement.
A l'entrée du sabbat, nous avons pris l’habitude de faire précéder la priére du soir de la lecture des psaumes XCV & XCIX et XXIX 1). Ces cantiques, qui nous invitent & proclamer hautement les louanges de Dieu afin que toutes les familles de la terre se rallient @ nous dans une méme communion diidées lors de l'av€nement espéré du Messie, doivent en quelque sorte nous mettre en état de recevoir dignement le sabbat ?). L’enthousiasme qui perce d chaque ligne marque comme une transition entre les soucis des six jours de labeur et la joie pure du sabbat. Aussi bien, Israél va & la rencontre du sabbat, comparé & une fiancée. « Lorsque Dieu eut établi le septiéme jour comme le couronnement de l'ceuvre créatrice, le sabbat se plaignit de n’avoir pas de compagnon comme les six jours qui le précédent et qui forment trois couples. Alors Dieu répliqua: «J'ai encore une huitiéme
(1) Traité Meguila 17b.
(2) Cf. Isaie XI, 12.
(3) Les prosélytes y compris. (4) Cf. Zacharie Ills.
(1) Ces six psaumes correspondent aux six jours de la création. (2) D’od le nom de A2Y N52P (Qabalat-chabbat) pour désigner ces rsaumes. ‘
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création : Israél! Israél sera ton fiancé. Au mont Sinai, Dieu dit & son peuple: Pense au jour du sabbat pour le sancti; fier! Il-est seul et délaissé; acquérez-le comme l'homme acquiert son épouse !1) » Depuis, Israél célébre chaque vendredi soir ses éternelles fiangailles avec le sabbat, le chérit comme une compagne qui répand un doux bonheur autour d'elle. Sans Israél, le sabbat n’aurait pas été connu de Vhumanité. Sans le sabbat, Israél aurait disparu de l’histoire.
Un poéte du nom de Salomon Hallévi, brodant sur ces idées, nous a gratifiés d'un chant merveilleux dont le refrain commence par les mots: Le’ha dédi (11 739) : « Va, mon ami, & la rencontre de la fiancée! Allons recevoir le sabbat ! »
b) Cha‘harit (ninw). — On peut dire la priére du matin depuis le point du jour jusqu’d& la fin du premier tiers de la journée. Nous devons commencer la journée par la priére, avant de prendre le petit déjeiner et avant de commencer un travail quelconque.
La priére du matin est introduite par un hymne @ Dieu, Créateur de toutes choses. Puis, viennent des bénédictions dans lesquelles nous rendons hommage a Dieu qui, aprés une nuit de sommeil, nous a rendu la force nécessaire au travail de la journée; nous Lui demandons de nous préserver des tentations de toutes sortes et de nous aider & accomplir Sa volonté dans toutes nos actions. La Birkat-hatora (minn-n373), que nous récitons ensuite et qui précéde l'étude de la Tora tant écrite qu’orale, doit nous rappeler que cette étude a pour but essentiel de nous sanctifier et de donner & notre vie et & celle de nos descendants son sens véritable. La lecture de quelques passages, tirés de la Tora et du Talmud et qui ont pour objet de rappeler le culte des sacrifices, est destinée 4 illustrer l'idée que notre vie entiére doit 6tre mise au service de Dieu.
Aprés une bénédiction (oxw 72 barou’'h chéamar) 2), qui est dite en maniére d'introduction, nous récitons des cantiques tirés essentiellement du livre des Psaumes. On les appelle. Psouké-de-Zimra (Mint pips) 3). Dispersés parmi
(1) Berechit-rabba, chap. XI fin.
(2) Ainsi appelée d’aprés les premiers mots: béni (soit) Celui qui a parlé et le monde fut...
(3) Textuellement: versets (extraits) de cantiques.
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les peuples de la terre, nous avons le devoir de nous considérer comme les annonciateurs des ceuvres de Dieu. Dans la mesure ot nous accomplissons nos devoirs, nous jouissons de la protection divine, indispensable & la réalisation de notre mission. Et alors, lorsque le but sera atteint, « les cieux se réjouiront et la terre jubilera et, parmi les nations, on proclamera: Dieu est devenu le Souverain ». Méme la nature, désormais au service d'une humanité améliorée, se réjouira et fétera avec force sa délivrance. Le psaume XIX parle des sources de la révélation et de la reconnaissance & Dieu. La nature tout entiére avec ses forces agissantes nous révéle existence d'un Etre tout-puissant; la Tora nous retrace nos devoirs envers Lui, nous enseigne la vraie voie de la vie. « Quel est l'homme qui souhaite la vie, qui aime de longs jours pour goiter le bonheur ? Préserve ta langue du mal, et tes lévres des discours pertides; éloigne-toi du mal et fais le bien, recherche la paix et la poursuis! » 1) Mais Dieu seul peut nous accorder cette force; nous Lui demandons donc de nous donner des directives. C’est la Tora qui nous affranchit de tous les maux en nous faisant serviteurs de Dieu?) et qui nous assure de durer. Ni la puissance des peuples fondée sur la force brutale, ni la destruction de notre Etat ne pourront empécher le triomphe final de l'idée de Dieu sur terre. Aussi bien ne devons-nous pas désespérer de malheurs momentanés, mais avoir foi en l'amour toujours renouvelé de Dieu, « qui assure le pain quotidien & toute chair ». Ces cantiques réservés au sabbat se terminent par un psaume consacré & ce saint jour qui est, en quelque sorte, le précurseur du grand sabbat de l‘humanité3), le couronnement final de l’ceuvre créatrice.
Les psaumes suivants sont récités tous les jours. Avant de nous rendre & notre labeur nous devons nous pénétrer de-l'idée que sans Dieu notre travail est condamné 4 rester stérile: «Nombreuses sont les idées dans le cceur de l'homme, le projet de Dieu seul demeure ». Aussi bien nous Lui demandons: « Ouvre Ta main et rassasie tout 6tre suivant l'objet de ses désirs!» C’est par l’'espoir que le jour viendra ot tous les peuples, toutes les dmes glorifieront Dieu, que se termine la série des cantiques, ou Psouké-de-
(1) Psaume XXXIV. (2) Psaume XC. (3) D'aprés linterprétation de nos Sages.
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Zimra. Aprés la bénédiction finale nanw yichtabba’h) 1), l'officiant récite le Qaddich et invite les assistants (qui doivent alors 6tre au nombre de dix) 2) & proclamer & l'unisson les louanges de Dieu. Aprés deux bénédictions, qui ont pour objet l'éloge de Dieu qui a créé la lumiére et les ténébres et qui a choisi le peuple d’Israél comme témoins de sa toutepuissance, la priére passe aux chapitres du Chema. En affirmant hautement la souveraineté de Dieu et notre volonté inébranlable de ne jamais dévier de ses voies, nous soumettons au « Rocher d'Israél» l'objet de nos désirs: nous récitons le Chemoné-Esré.
Aprés cette priére on dit, selon le caractére du jour, le Abinou-Malkénou (133$m iyax) 3) le Ta’hanoun (1nn) ou le Hallél (55m).
' Le Abinou-Malkénou est une supplication réservée aux dix jours de pénitence. Animés de la confiance en Dieu, qui est notre Pére et qui ne nous refuse jamais Sa bonté, mais conscients qu'll est aussi notre Roi et que nous Lui devons obéissance, nous nous adressons & Lui au seuil de la nouvelle année en notre double qualité d'’enfants et de serviteurs pour Lui demander le pardon de nos fautes et Sa protection au temps de notre détresse.
Ainsi que son nom l'indique le Ta’hanoun (j1:nn) est une supplication qui, le lundi et le jeudi, est considérablement élargie par une série de Ta‘hanounim (Q'3\nn). qui ont pour objet la situation précaire du peuple d'Israél. Le Ta’hanoun vise plutét la situation individuelle. Empruntant les sentiments exprimés par le roi David qui, malgré sa culpabilité, a gardé foi en la miséricorde de Dieu, nous nous adressons & Dieu pour Lui demander de ne pas détourner Sa face de nous qui avons péché. Le Ta’hanoun se récite tous les jours ouvrables excepté les demi-fétes, les jours entre le Yém-Kippour et la néoménie de Mar'hechvdn, le mois de NissGn, les premiers jours de SivGn jusqu’au lendemain de la féte de Chabouédt, les sept jours de deuil dans la maison mortuaire et les jours ot l'on célébre au Temple un mariage ou une circoncision.
(1) D'aprés les premiers mots 339M7Y5 JOY manw’, que Ton nom soit loué & jamais, 6 notre Roi!
(2) Cf. ci-dessus p. 60.
(3) « Notre Pére, notre Roi», d’aprés les mots qui introduisent chaque phrase. H ‘ ;
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Le Hallél (55n louange), qui est formé des psaumes 113 & 118 et qui est une exaltation de Dieu qui nous a toujours assistés et qui continue & nous prodiguer ses bienfaits, se dit & la néoménie, & Hanouca?) et aux fêtes de pèlerinage. .
Le lundi et le jeudi, & la néoménie et aux jefines publics, on intercale la lecture de la Tora 2).
La prière du matin se termine par le psaume CXLV *) et une priére qui, en maniére de conclusion, parle de la délivrance finale. Puis on récite Alénou 4). Un dernier psaume qui varie selon les jours de la semaine, cléture la prière du matin.
Aux jours de sabbat, de néoménie, de féte et de ‘Hol-hamoéd, on ajoute la priére de Moussaf qui veut dire addition. Cette priére est constituée par la Tefillat-Cheba5); dans la partie intermédiaire est mentionné le souvenir du sacrifice additionnel. A Réch-hachana la priére de Moussaf comprend neuf bénédictions, d’ot le nom de Tefillat-Técha (yyn nosn). Par de nombreuses citations tirées des trois parties de la Bible, elle illustre la signification du nouvel-an juif: Dieu est souverain, Dieu se souvient, Dieu appelle °).
c) Min‘ha (179). — La priére de l’aprés-midi peut étre récitée & partir de midi et demi jusqu’ad la tombée de la nuit,
Cette prière se compose du psaume CXLV (Achré), du Chemoné-Esré, du Ta‘hanoun et de Alénou, aux jours de fEtes et demi-fétes avec variations selon ce qui a été dit plus haut.
A Yém-Kippour (primitivement & tous les jefines) on ajoute une priére supplémentaire dite de cléture: en hébreu Neila (5.3). Elle se compose de Tefillat-Chéba qui exprime lidée dans ses bénédictions intermédiaires que l'homme, aussi coupable soit-il, péut utilement faire pénitence, et des
(1) Pas & Pourim; la lecture de la Meguilla remplace le Hallel.
(2) Voir page suivante.
(3) Appelé communément Achré CAwRE) parce qu’on le fait précéder du verset MOD ‘YON? TW IMD Dw) WR - Heureux ceux qui habitent dans Ta maison et qui sans cesse récitent Tes louanges.
(4) Voir ci-dessus p. 66. :
(5) Idem.
(6) new msn nyo...
WM
Chémét (ni9w), la solennelle profession de foi qui cléture la journée de Kippour.
9. La lecture publique de la Tora.
Dans le Deutéronome 1), nous lisons: « Et Moise leur ordonna ce qui suit: A la fin de chaque septiéme année... lors de la f&te des tentes, alors que tout Israél vient comparaitre devant le Seigneur ton Dieu, dans l’endroit qu'il aura élu, tu feras lecture de cette Tora en présence de tout Israé! qui écoutera attentivement. Convoques-y le peuple entier... atin qu'ils entendent et s‘instruisent et révérent le Seigneur votre Dieu, et s’appliquent & pratiquer toutes les paroles de cette Tora... »
ll résulte de ce passage que la lecture publicue de la Tora est aussi ancienne que la Tora elle-méme.
S‘appuyant sur une belle interprétation du verset: « Et ils marchérent trois jours dans le désert sans trouver de l'eau » #), nos Sages ont également prescrit de lire publiquement la Tora, le lundi et le jeudi, afin de ne point faire manquer Israél pendant plus de deux jours de cette source vivifiante qu’est la Tora. Rappelons que ces deux jours étaient jours d'audience et de marché ot de nombreux paysans se trouvaient dans les villes pour écouler leurs produits et pour faire trancher leurs litiges.
Ezra a ajouté la lecture de l’aprés-midi de sabbat en maniére de compensation pour ceux qui ne pouvaient assister a la lecture publique en semaine pour des raisons professionnelles.
A lorigine c’était le Kohen, le Lévite ou le prophéte qui faisait la lecture publique de la Tora; & des occasions particuliérement solennelles, le roi devait la faire. Aprés la destruction du Temple, chaque appelé faisait la lecture. A cdté d’eux se tenait un traducteur qui, dans un langage clair et simple, interprétait les textes lus 8). Lorsque l'ignorance se répandit de plus en plus, on chargea, pour ne pas offenser
(1) XXXIhe-22.
(2) Exode XVono.
(3) Cet usage a été remplacé par lobligation individuelle de relire chaque semaine, en particulier, la section hebdomadaire, et de l'expliquer.
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les ignoranis, un homme instruit, de lire la Tora en public. Les fidéles étaient alors sur l’estrade et ils faisaient la bénédiction prescrite avant et aprés la lecture du passage de la Tora. C’est cet usage de faire lire la Tora par un lecteur que nous avons maintenu jusqu’d nos jours; on n'y déroge qu’‘en faveur de l'adolescent qui, au jour de sa majorité religieuse, lit luicméme sa « Paracha». Dans certaines communautés, Vhonneur de lire la Tora en public échoit, le jour de Sim‘hatTora, au ‘Hatan-Tora et au ‘Hatan-Beréchit.
Le contenu de la Tora, en vue de sa lecture annuelle en public, a été divisé en 54 parties appelées Sidrdt (nin7D). Les Sidrét & leur tour sont partagées en paragraphes, nommés Parachét (nw). A chaque sabbat on lit une Sidra, dans certaines conditions deux sidrét selon la formule du calendrier!). Lorsque le sabbat coincide avec une féte, on lit un chapitre upproprié a la féte et la Sidra est reportée au sabbat suivant.
La lecture publique de la Tora est commencée invariablement le premier sabbat aprés la féte de Chemini-Atsérét, appelé pour cette raison Sabbat-Beréchit 2) (mwxris nay) ;
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elle se termine & Sim’hat-Tora.
Le nombre des fidéles appelés & la Tora varie suivant le jour. On en appelle au minimum trois, au maximum sept. Comme une loi prescrit & chaque fidéle d’&tre appelé & la Tora une fois au moins par mois, on a, dans les grandes communautés, adopté l’usage d’appeler encore quelques fidéles en plus, le jour du sabbat.
On appelle 3 hommes & la Tora: lundi, jeudi; aprés-midi de sabbat et de Yém.Kippour, Hanoucca. Pourim et jefines publics. ‘Hol - hamoéd, néoménie, fétes de pélerinage, Réch-hachana.
6 Yém-Kippour, le matin. — 7 — _ le sabbat, le matin.
(1) 47 & 50 Sidrét dans une année simple et 51 & 54 dans une année enbolismique. La répartition des Sidrét sur l'année est déterminée par certaines régles qui placent certaines Sidrét avant ou aprés les f€tes.
(2) Béréchit étant la premiére Sidra de la Tora.
Les fidéles sont appelés & la Tora dans |’ordre suivant: d'abord le cohén, puis le lévi, puis le yisraél 1).
Il convient de mentionner, pour terminer, l'air antique sur lequel est récité la Tora?). La tradition nous a transmis tout un systéme d’accents qui accompagnent le texte et qui, par leur caractére tantdt conjonctif, tantét disjonctif facilitent dans une large mesure la lecture correcte et logique de la Tora. Chaque signe, qui porte un nom spécial d'origine araméenne, exprime un ensemble fixe de notes.
Jours Lectures de la Tora
Le Réch-’hodéch Nombres XXVIIh-s.
Hanouce . + 6452 ie] NNembreés: Vil»: Potinnmnig sees t erie Aone Exode XVIIn--16 Tichasbe2 Alon) miioe. Deutéronome [Vs-«0 (le matin).
Autres jefines publics .| Exode XXXIIu- pour le cohén, puis XXXIV:-»,
Le sabbat qui précéde immédiatement la néoménie du mois d'Adar ou qui coincide avec elle est appelé SabbatChequalim (or5pw nav). A l’approche de la néoménie d'Adar, des délégués de l'Etat proclamaient l'échéance de l'impét du Temple qui était d'un demi-sicle (pw-¥n) par personne. Pour nous en souvenir, nous lisons dans la Tora un passage spécial ot il est dit notamment: « Quiconque fera partie du dénombrement depuis l’4ge de vingt ans et au-deld doit acquitter l‘impét du Seigneur. Le riche ne donnera pas plus, le pauvre ne donnera pas moins que la moitié du siécle, pour acquitter l'impét du Seigneur » 3).
Le sabbat avant Pourim porte le nom de Sabbat-Za'‘hor (ist naw). Ce nom est tiré d’un passage du Deutéronome ot il est dit: « Souviens-toi*) de ce que t’a fait Amalec, en route, quand vous sortiez de l'Egypte; comme il t’a surpris
(1) Voir Michna Guitin Vs.
(2) Un air spécial est en usage pour la lecture de la Tora les jours de Réch-hachana et le matin de Yém-Kippour.
(3) Exode XXX, 14, 15. (4) En hébreu ‘53?
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chemin faisant, et s’est jeté sur tous les trainards par derriére. Tu étais alors fatigué, & bout de forces, et lui ne craignait point Dieu. Aussi, lorsque le Seigneur ton Dieu, t’aura accordé le repos de tous tes ennemis d’alentour dans le pays qu'il te donne en héritage, tu effaceras la mémoire d'Amalec de dessous le ciel: ne l’oublie pas! »1) Amalec est le symbole de la force brutale qui l’emporte sur le droit et sur la justice. Le peuple d'Israél a été choisi par Dieu pour opposer une résistance perpétuelle a l'assaut du mal, en d'autres termes, pour faire triompher le bien. Le souvenir d'Amalec est évoqué la semaine avant Pourim parce qu’Aman est considéré comme un descendant de ce peuple.
Le sabbat aprés Pourim?) s‘appelle Sabbat Para (nav mB). On lit un passage relatif & la pureté. La cendre d'une vache rousse, qui devait é6tre immolée hors du camp, servait a la purification 3). C’était autrefois, & l'époque du Temple, une maniére d’exhortation a se purifier & l'approche du sacrifice pascal.
Enfin, le sabbat qui précéde la néoménie de Nissdn ou gui coincide avec elle, porte le nom de Sabbat-Ha’hodéch (winn-naw). Dans le passage spécial, lu en ce jour 4), il est question du mois de NissGn, proclamé premier de tous les mois & cause de l’événement décisif de la sortie d’'Egypte qui a eu lieu pendant ce mois. En ce sabbat, on exposait en public les prescriptions de la féte de Pessa‘h.
10. Le Sépher-Tora (7 15D).
Le Sépher-Tora, en francais Livre de la Tora, contient les cing livres de Moise. I] doit étre écrit 4 la main au moyen d'une plume d’oie sur du parchemin tanné 4 cet effet et provenant d'un animal pur. L’artisan, appelé (151D) Sopher, doit étre un homme consciencieux, instruit et initié & l'art du scribe et & ses prescriptions détaillées. L’écriture elleméme, qui doit étre lisible et agréable suit de nombreuses régles, transmises par la Massora. Ce nom qui signifie trans-- mission désigne l'ensemble des régles qu'il faut observer et
(1), Deutéronome XXViz-i.
(2) Ou le sabbat suivant si Pourim tombe un jeudi ou un vendredi. (3) Nombres, chap. XIX.
(4) Exode XIIs-2: «Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois; il sera pour vous le premier des mois de l’‘année. »
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& la transcription et & la lecture de la Tora. La Massora pee aujourd’hui en extrait dans la majeure partie des éditions bibliques, soit en marge, soit en appendice.
Le Sophér, avant d’entreprendre sa t@che sacrée, doit prononcer la formule suivante: «Je me dispose & écrire ce rouleau dans le but de la sainteté du Sépher-Tora » Chaque _ fois qu'il doit écrire un des noms de Dieu, il s’arréte et dit avec recueillement: «Je vais écrire dans le but de la sainteté du nom de Dieu ».
Lorsque le Sophér a accompli sa tdche, il réunit les feuilles de parchemin en un rouleau au moyen de boyaux de mouton. Le rouleau est soutenu par deux barres termi-nées chacune en haut et en bas par des disques qu’on appelle an-yy (Ets-Hayyim) 1). Dans les rainures pratiquées dans ces disques, on a coutume d'inscrire le nom du donateur du Sépher ainsi que celui du Sopher.
Le Sépher-Tora doit imposer le respect. Il faut se lever lorsqu’on le sort de: l’arche sainte et lui marquer sa déférente affection en baisant le manteau dont il est revétu 2). De tous temps, on a pieusement rivalisé d’ardeur quand il s'agissait de l’orner de ces objets qu’on appelle Klé-Kodéch wip 3 (objets de culte). Ce sont: le manteau déj& nommé, tissu précieux brodé d'or ou d’argent qui porte généralement une inscription formée par les deux initiales 3 et nm (Kéter-Tora, Mn 1n3, couronne de la Tora) et le nom du donateur, puis le Tass (bY), une plaque d’argent massif fort souvent, qui porte une inscription interchangable servant & reconnaitre le Sépher ot l'on fera la lecture du jour, la yad (7), une main ciselée artistiquement, fixée au bout d'un manche terminé par une chainette; c'est & l'aide de la yad que I'officiant permet & celui qui est appelé a& la Tora de suivre la lecture. Un ornement spécial +) des-
(1) D'aprés le verset des Proverbes Ills: «C'est un arbre (également bois, disque) de vie pour tous ceux qui y sont attachés » (littéralement: pour ceux qui la saisissent).
(2) Cet usage n'a été introduit & son origine que pour les enfants.
(3) D’aprés un passage du Traité des principes ot l'on parle de 3 couronnes: couronne de la royauté, couronne de la prétrise, couronne de la Tora, la derniére et plus précieuse pouvant 6tre acquise par tous. (Abot IViz).
(4) Muni. de clocheties argentées; elle rappelle celles qui autrefois étaient fixées aux vétements grand-pontificaux.
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tiné généralement au sabbat et aux jours de fétes et garnissant les disques supérieurs du Sépher-Tora, achéve de lui donner un aspect d'imposante richesse. Mentionnons pour terminer la Mappa (59), long bandeau qui serre le rouleau proprement dit et qui l’empéche de se dérouler. La Mappa qui provient du lange qu’on a utilisé pendamt l'acte de la circoncision, porte en lettres, habituellement peintes, le nom de l'enfant?) et le. voeu traditionnel suivant, agrémenté de dessins s'y rapportant: « Comme l'enfant vient d’étre introduit dans l’alliance (d’Abraham), puisse-t-il ainsi 6tre amené a la Tora, au dais nuptial et aux bonnes ceuvres». Une pieuse coutume veut que l'enfant, arrivé & l'dge de trois ou quatre ans, porte lui-méme sa Mappa au Temple et accomplisse, en l'enroulant autour du Sépher, son premier devoir religieux en public.
11. La Haphtara ou lecture finale.
Le sabbat, aprés avoir terminé la lecture de la Sidra, on appelle & la Tora un dernier fidéle & qui l'on répéte les derniers versets de la Sidra. Celui-ci lit alors un passage des Prophétes en maniére de cléture, d’ot le nom Haphtara qui veut dire lecture finale 2). Cet extrait des Prophétes, introduit et terminé par des bénédictions qui affirment le caractére inspiré des paroles prophétiques, n’a pas été choisi au hasard: son contenu en effet présente toujours quelque analogie avec celui de la Sidra.
On lit encore la Haphtara aux jours de fétes, le Tichabe-Ab au matin ‘et l'aprés- midi et les aprés-midi des jeGines publics. Lors des jefines, le nombre des appelés reste le méme; le troisiéme lira la Haphtara.
A loccasion des sabbats particuliers 3) et des jours de fétes on fait une lecture spéciale pour celui qui dira la Haphtara. Celle-ci est spécialement adaptée au jour.
Tout comme le texte de la Tora, la Haphtara est accompagnée de signes musicaux. Bien que leur nom et leur forme
(1) Ces bandeaux déposés au Temple ou chez le rabbin tenaient lieu, autrefois, de registres d'‘état-civil.
(2) C'est que, autrefois, on quittait le Temple aprés Ch’harit pour revenir & Moussaph.
(3) Les Arba-Parachét (4 sabbats distingués), et la néoménie qui coincide avec le sabbat.
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soient identiques a@ ceux de la Tora, ces signes sont chantés sur un autre air.
Aux trois fétes de pélerinage, a Pourim et & Ticha-be-Ab, on lit les cing Meguilét1): A Pessa’h, on lit le Cantique des cantiques, a Chabouét, le livre de Ruth, & Soukét, l’Ecclésiaste, & Pourim le livre d’Esther?) ef & Ticha-be-Ab les Lamentations. Pour les deux derniéres Meguilét, qui sont récitées & haute voix par l'officiant, il y a des airs spéciaux traditionnels.
12. Les Bénédictions.
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Les priéres que nous récitons 4 certaines heures de la journée ont pour but de nous aider 4 nous recueillir et a nous rappeler notre devoir pendant les instants ot nous interrompons notre tache quotidienne. Les bénédictions par contre, priéres trés courtes, qui peuvent étre récitées a tout moment, sont destinées & nous pénétrer toujours de l'idée de Dieu, & nous sanctifier au milieu méme de notre labeur
qui deviendra ainsi un véritable service de Dieu.
Les membres de la grande Assemblée sont les auteurs des bénédictions, dont la teneur a été arrétée par Ezra et ses collégues. ‘
On peut distinguer trois catégories 3) de bénédictions : 1°) Les bénédictions de jouissance. On les récite avant
de prendre toute nourriture, toute boisson, en un mot, avant tous les actes impliquant une jouissomce matérielle.
2°) Les bénédictions d’accomplissement de devoir religieux. Ce sont celles qui précédent l'étude de la Tora et presque toutes les pratiques dont elle renferme l’obligation.
3°) Les bénédictions de reconnaissance envers Dieu. Nous les récitons lors de ces besognes qui nous rappellent notre vie éphémére et qui font apparaitre chaque instant de notre existence comme un don divin, par exemple au coucher, cau lever, aprés le repas.
La bénédiction que l'on fait au coucher et au lever ren-
ferme l'idée que nous puissions nous adonner 4 un repos paisible, sans cauchemar, afin de réparer nos forces et de
(1) Cf. pour chacune des Meguillét p. 20. (2) Seul écrit obligatoirement sur du parchemin. (3) Selon Maimonide, chap. premier, sur les bénédictions.
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commencer au matin une nouvelle vie. « Entre Ses mc remets mon ame, lorsque je dors et lorsque je me réve. La confiance en Dieu, une conscience tranquille sont meilleurs garants d'un esprit serein que ne troublent ni soucis du jour, ni les affres de la nuit.
Liobligation de la bénédiction aprés le repas, la BirkGthamaz6én (ftonn312) qui est seule prescrite par la Tora, est dérivée du verset suivant: « Tu mangeras et tu te rassasieras et tu rendras graces au Seigneur, ton Dieu, du bon pays qu'll t‘aura donné » 1) Cette bénédiction se divise en quatre Berak’hét: 1° Birkét hazén (jth n512): Nous remercions Dieu qui, dans sa bonté et son amour pour les uns ?) et sa miséricorde pour les autres 3), donne 4 toute chair le pain quotidien. 2°) Birkdt-haarets (yx N22). Cette bénédiction, qui a un caractére moins général que la premiére, parle de la sollicitude particuliére de Dieu pour son peuple élu. Il a contracté une alliance avec Israél, l’a implanté sur le sol fertile promis aux ancétres et lui a fait connatire par sa Tora le moyen de vivre heureux et prospére, 3°) BirkGt Béne-Yerouchalaim (a’}w1" 722 :N393). Nous demandons notre bonheur individuel dans le cadre du bien-étre général. Le Temple de Jérusalem et la dynastie davidéenne en sont l’expression. 4°) Birkét Hatév vehamétiv (a’mam ann NII3). Cette bénédiction est une addition tardive et a pour auteurs les rabbins de Jabné+). Nous y exprimons l'idée que seul Dieu qui, dans le passé, nous a prodigué Ses bienfaits, nous conduira vers un avenir heureux.
La fin de la bénédiction est dite en l'honneur du chef de famille; on appelle sur lui et sur toute sa famille la bénédiction de Dieu.
A Yoccasion des sabbats, des fétes et des demi-fétes, on ajoute des bénédictions spéciales appropriées au caractére du jour.
Lorsque trois hommes et plus ont mangé @ une table, ils ont l’obligation de faire le Zimoan (j1"). L’un d’entre
(1) Deutéronome Villu. (2) Ce sont ceux qui s’efforcent de vivre dignement.
(3) Dont la vie n'est pas conforme & la volonté de Dieu.
(4) Qui lont instituée le 15 Ab au jour ot les Romains, sous l'empereur Adrien, autorisérent les Juifs & inhumer les morts de Bétar aprés la révolte de Bar-Co’hba (Tanit 3lq).
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eux invite les autres & faire la Birkat-hamaz6n en commun. Rien ne désunit davantage les hommes que la chasse & la jouissance matérielle. Ce Zimotin doit donc symboliquement exprimer l'idée que Dieu, qui est le Pére de tous les hommes, est assez puissant pour donner 4 toute chair ce dont elle a besoin; le Zimofin, en un mot, est une legon de fraternité.
13. Les Tefillin ((9En)
« Ft tu les attacheras, comme signe, sur ton bras, et elles seront comme parure entre tes yeux). »
Par trois fois2) encore la Tora répéte la prescription de mettre les Tefillin en y rattachant le souvenir de la Sortie dEgypte et la gratitude envers Dieu qui doit en résulter pour nous.
Le terme «Tefillin», qui a pour origine l'expression Tefilla (prigre) désigne les deux capsules de cuir que la Tora nous fait un devoir d’attacher au front et au bras gauche. On les fixe au moyen de laniéres. Ces capsules contiennent les quatre passages ow il est question de Tefillin, écrits & la main. Dans la Tefilla chél yad (7° wv) qui est fixée au bras, ces passages sont réunis sur un seul rouleau qui occupe le creux de la capsule. Dans la Tefilla chél réch (wri Sv) qui est attachée au front ils se trouvent séparés en quatre compartiments sur quatre morceaux de parchemin.
La forme quadrangulaire des capsules, les deux lettres “wy qui se font face sur la Tefilla chél réch et dont celle de droite doit avoir trois branches et celles de gauche quatre, sont tronsmises par tradition (13D mw i357).
Les Tefillin sont appelées par la Tora «signe » ou symbole. Quotidiennement, accompagnant la priére du matin, elles évoquent le souvenir de nos devoirs qui engendre & son tour la volonté de les réaliser. Le sabbat étant appelé luicméme «signe», nous sommes ce jour-la dispensés de mettre les Tefillin; il en est de méme aux grandes {tes religieuses.
Pour marquer le deuil, nous sommes dispensés de metire
les Tefillin le matin de Ticha-be-Ab; nous les mettons a l'office de Minha seulement.
(1) Deutéronome Vis. (2) Exode XIh-10; Exode XII; Deutéronome XT as-21.
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Les Tefillin, que nous attachons au bras gauche, juste en face du cceur et ensuite au front qui est le siége de Il'initelligence, sont le signe de notre entiére soumission & Dieu : nous lui consacrons la force de nos bras, notre intelligence nos sentiments et notre volonté.
« Quiconque lit le Chema du matin sans Tefillin (c'est-ddire qui ne joint pas l'action 4 la profession de foi) est considéré comme un faux témoin; celui au contraire qui observe ces commandements témoigne et prouve que le nom de Dieu est répandu sur nous 1). » Aussi bien, primitivement, on mettait les Tefillin toute la journée. Mais comme il est trés difficile, sinon impossible & la masse des croyants de concentrer pendant toute une journée l'esprit sur ces symboles de la sainteté, on a fini par restreindre leur port a la priére du matin seule. Ca et la de nos jours, il y a encore des hommes de grande valeur qui font exception a& ce qui est devenu la régle; leur vie est véritablement un service de Dieu de tous ;
Quoique d'une maniére générale les femmes soient astreintes a l’observamce des commandements de la Tora, elles sont dispensées de mettre les Tefillin de méme que d'un certain nombre .d’autres devoirs positifs qui doivent s'accomplir & temps fixe ?). La femme juive, qui a sa place marquée au foyer, a un réle sacré a remplir: n‘est-elle pas la prétresse du foyer ? Sa vie tout entiére, avec les sacrifices et l'abnégation qu'elle comporte, n‘est-elle pas un constant service de. Dieu? Aussi bien, la mission dont elle est chargée, ne souffre-t-elle aucune interruption par un devoir
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positif religieux venant a@ échéance a une heure fixe.
14 Les Tsitsit (n’¥¥).
Au troisisme chapitre du Chema, nous lisons: « Le Seigneur parla 4 Moise en ces termes: Parle aux enfants d'Israél et dis:leur de se faire des franges aux coins de leurs vétements, dans toutes leurs générations, et d’ajouter & la frange de chaque coin un cordon d’azur, cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements du Seigneur, afin que vous les exécutiez
(1) D'aprés Maimonide. (2) Mena’hét 43a.
et ne vous égariez pas & la suite de votre coeur et de vos yeux, qui vous entrafnent a I'infidélité... » 1).
En conformité avec cette prescription, nous portons, durant le jour, un vétement spécial de forme rectangulaire, appelé Arba-Kanfét (nip33-yan&) 2) ou mieux Tallit-Qatén (jop n5p). Les Tsitsit sont attachés aux quatre coins de la _ fagon suivante : Quatre fils de laine, tissés spécialement dans un but religieux, sont passés & travers une ouverture, pratiquée aux coins du vétement. Par deux noeuds, les franges sont fixées ensuite au Tallit; puis, au moyen de l'un des fils, plus long que les autres, on fait successivement sept, huit, onze et treize tours, séparés les uns des autres par deux noeuds bien serrés. Le cordon d’azur, dont la Tora nous fait une obligation, a disparu parce que nous ignorons le procédé de coloration usité autrefois.
Tous les jours, pendant la priére du matin, on doit s’envelopper du Tallit Gadél (112 n°) ou manteau de priéres. Les franges y sont attachées de la méme fagon qu’au Tallit Qatdn. L’officiant, pendant l’exercice de ses fonctions, est toujours enveloppé du manteau de priéres; les fidéles ne le revétent, en dehors de la priére du matin, qu’d Kol-Nidré, l'aprés-midi de Ticha:be-Ab, et chaque fois qu’ils sont appelés & la Tora lors de la lecture de l’aprés-midi; dans nos pays, lorsqu'ils récitent le Qaddich & l'occasion d'un deuil ou d'un anniversaire de deuil.
Les yeux et le coeur sont les véhicules du péché en ce sens que l'oeil est l’organe qui éveille le désir et le coeur celui qui cherche & le réaliser. Or, pour que nous ne nous égarions point & la suite de notre coeur et de nos yeux qui nous entrainent souvent au mal, les Tsitsit, dont le nom signifie contempler, méditer, dirigent nos regards vers Dieu et, évoquant le souvenir de la révélation au Sinai, engendrent dans noire coeur le sentiment du devoir 3).
15. La Mezouza (itt).
« Et tu écriras (ces paroles) aux poteaux de ta maison et & tes portes » 4).
(1) Nombres XVay-u.
(2) «Les 4 coins ».
(3) «La contemplation des Tsitsit éveille le souvenir, le souvenir laction » (Mena’hét 43b).
(4) Deuteronome Vl.
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Ce passage, tiré du Chema, nous fait un devoir d’attacher ces paroles sous forme de Mezouza aux portes de nos maisons d'habitation. La Mezouza qui a une forme cylindrique, renferme un parchemin enroulé qui contient, écrits & la main, les deux premiers paragraphes du Chema’). On a coutume de mettre le nom « Chaddai» (%) qui veut dire Tout-Puissant, sur le dos du parchemin, et visible & l'ceil par une ouverture pratiquée & cet effet dans |’étui.
L'obligation d’attacher une Mezouza n‘existe que si la maison ou la chambre est affectée & l'habitation des hommes; si le local est consacré au culte, son caractére sacré le dispense de l'obligation de la Mezouza.
Que nous sortions de notre maison pour nous rendre 4 notre travail, que nous y rentrions pour retremper nos forces dans l'intimité familiale — la Mezouza est toujours la pour nous rappeler notre devoir envers Dieu.
Nous lisons dans le Talmud: « Quiconque met les Tefilltns & son front et & son bras, fixe les franges G4 son vétement et attache la Mezouza & sa porte est & l'abri du péché, car il est dit: « Un triple lien ne rompt pas facilement » 1). En d'autres termes: Celui qui s’entoure de symboles qui constamment lui rappellent les devoirs envers Dieu, comment pourrait-il se laisser aller au péché ?
(1) Dans I'ordre ot ils figurent dans le rituel des priéres. (2) Ecclésiaste IVis. ‘
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